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Au Festival interceltique de Lorient, le violoniste Duncan Chisholm fait voyager le public

Il y a de cela une éternité, dans une boutique de Portree, sur l’île de Skye, en Ecosse, nous étions tombé sur un disque hommage, A Highland Fiddler (2002), dédié au violoniste Donald Riddell (1908-1992) par trois de ses anciens élèves. Le disque était de toute beauté. Aujourd’hui le maître n’est plus, mais, à 55 ans, Duncan Chisholm, l’un de ces trois disciples, est là devant nous, lundi 12 août, sur la scène du Théâtre de Lorient (Morbihan) pour la Grande Nuit de l’Ecosse proposée par le Festival interceltique, dont la 53e édition est organisée jusqu’à dimanche 18 août.
« Donald Riddell était bien plus qu’un professeur de violon, raconte Duncan Chisholm en aparté, c’était un historien. Quand il nous apprenait un air, il nous expliquait où, pourquoi et par qui le morceau avait été écrit. Par exemple, il racontait que, lorsque Willie Lawrie composa le célèbre Mrs MacDonald of Dunach, le joueur de cornemuse [mort en 1916, à 35 ans, tombé malade dans les tranchées] était à Ballachulish, assis dans la carrière d’ardoise de son village. Le son résonnait en écho sur les parois, et c’est ce qui lui a inspiré la répétition si particulière des mesures… Quand Donald Riddell nous racontait ça, d’un seul coup vous étiez assis dans la carrière d’ardoise. On joue alors différemment. Donald Riddell nous a donné cette possibilité de visualiser la musique. Cela ne m’a jamais quitté. »
Dans la salle du théâtre de mille places, quand Duncan Chisholm se met à jouer, ça sent la bruyère, la salle se revêt de pourpre, l’océan gronde, les rares arbres plient sous le vent d’ouest, et l’on marche, silencieux, dans les tourbières qui s’étendent à perte d’âme. Pour un peu, on mettrait une moustiquaire pour se protéger des midges, ces insectes aussi petits qu’agressifs qui peuplent les Highlands.
Comme Donald Riddell, Duncan Chisholm est né à Kirkhill, une petite bourgade à une dizaine de kilomètres d’Inverness. Il est âgé de 7 ans lorsqu’il entend jouer dans la salle municipale le maître de violon, qui était aussi un peu luthier – la légende veut que celui-ci ait construit son premier instrument avec une boîte à cigares, son violoniste de père lui interdisant de toucher le sien. Chisholm tombe immédiatement sous le charme de l’instrument, mais le maître n’accepte de le prendre qu’à partir de 8 ans.
« Il était très strict. Sur la tenue d’archet, sur la façon de porter l’instrument, sur tout… Il disait : “Fais exactement comme moi.” Et puis un jour, à 16 ans, il m’a dit : “Je t’ai appris tout ce que j’avais à t’apprendre, maintenant tu ne dois plus faire du Donald Riddell, tu dois faire du Duncan Chisholm.” C’était me faire tomber du nid. J’étais perdu. Mais, depuis, c’est ce que je cherche à faire : trouver ma voie, ma voix. »
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